18 ans
Publié : dim. juil. 19, 2020 11:12
Bonjour les copaings,
J'avais envie de partager cette tranche de vie avec vous. En espérant que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire.
Pour le weekend du 14 juillet, une rencontre motarde était organisée par des amies.
20 motardes en Ariège...Soit vous salivez en vous imaginant 20 nanas vétues de cuir (ou non, car c'est l'été et les vêtements été, c'est très pratique aussi), soit vous êtes en train de médire. Or détrompez vous, car il y avait parmi nous, entre autres, une nana roulant en 899 Panigale qui a à son actif quelques courses d'endurance, une ZX6R, un vieux 900 CBR, une aventurière qui est partie en Turquie toute seule au guidon de son Trail et a écrit un bouquin, des filles qui pratiquent l'enduro. Bref, une belle brochette de passionnées.
Lors de ce rassemblement, une copine me demande ma date d'obtention du permis. Moi et les chiffres...alors je sors mon antique papier rose tout décomposé et lis la date : Juin 2002. Oh putain ! Non c'est pas vrai, pas autant...Ben si, le calcul est vite fait : 18 ans de permis moto.
Et là, comme un flash back, ma vie de motarde qui défile et remonte au jour de l'obtention de mon permis en Allemagne. J'avais 24 ans, j'étais en dernière année d'école, des petits boulots et un petit peu d'économies. Les annonces et un GS500E trouvé, négocié (j'ai fait pitié à l'ancienne propriétaire) et acheté.
Retour en France par la Suisse, 1er long road trip (Cologne - Arles), 1ere chute sous la pluie, 1er carter pété.
Je m'inscrits sur 2 groupes de motards de Marseille : Les Bitumeurs et les M13, histoire de partager ma passion.
Ma 1ere rencontre Bitumeurs, on était 3, car la pluie s'était invitée et les sudistes ne roulent pas sous la pluie. Perso je ne comprenais pas trop pourquoi, et puis on s'y fait, avec le temps.
2eme rencontre, là y'avait du monde, tellement de monde que je me faisais toute petite. En effet, j'avais un GS500E, mon caque de mobylette (qui avait 10 ans d'âge, était tout noir avec des autocollants très flashy de toutes les couleurs), un vieux blouson de ma mère fait maison sans protection, blanc avec des patchs aux coudes noirs et un pantalon en cuir de ville. Top dégaine !
Seulement mes demi-bottes Louis (car les bottes hautes étaient trop chères pour mon porte monnaie) et les gants étaient un vrai équipement motard. Et face à moi, des blousons Daynese, Furigan, des casques Arai, Shoei, un GSXR flambant neuf, un 848, un SVS650 peinture perso, un VTR rouge brillant. Gloups, je faisais pas la fière si ce n'est mes demi-guidons bracelet !
Et là arrive sur un destrier d'un autre temps, pétaradant le bonheur de rouler, un motard équipé d'un vieux blouson Lucky Strike (qui a l'origine devait être blanc), un cuir et des bottes lambda usés de chez usés. J'ai pensé en le voyant enlever son casque : « Chouette, il est aussi ringard que moi ».
Et avec ce ringard, qui est maintenant le père de mes enfants et mon mari, on a parcouru des centaines de milliers de kilomètres (et ce n'est pas la marseillaise qui parle) et oeuvré pour la communauté motarde.
Pendant des années, on a organisé pour les Bitumeurs des ballades mensuelles dans la région, et pour le Forum CB500 des ballades jeunes permis avec notre ami JP, des semaines de vacances dans le Sud de la France, et récemment des rassemblements pour le ZRX Club de France.
Notre garage a eu la chance de voir ses petits se multiplier avec des types de machines variés: Gros et petit roadster, sportive, Trail, supermot, enduro, trial. On a même acheté un Side Car à la naissance de nos enfants en montant préalablement au Mans pour un stage d'initiation.
On s'est testé à la piste (en moto et en Side Car), au tout terrain, au trial, écumé toutes les concessions de la région pour essayer les nouveautés, si bien qu'on est blacklisté maintenant. Et si jamais on veut essayer, on doit prendre RDV par tel en masquant notre voix. (Véridique) Et quand on arrive et que le vendeur nous reconnaît, il nous invente un prétexte comme quoi la moto est réservée juste après. (Véridique Bis)
On a aussi connu des tas de gens, passionnés ou juste amateurs de motos. Ce qui est magique, avec n'importe quelles activités, c'est de rencontrer des personnes en dehors de notre milieu social, de notre groupe d'amis habituels. On en ressort tellement plus riche et grandi.
Quelques fois, on croise ces motards une fois, 2 fois, sans plus d'affinités ou ils deviennent des potes avec qui on a plaisir de rouler et partager une tranche de vie.
Et quelques fois, ils deviennent nos amis, nos témoins de mariage, nos Best Friends, celle sur qui tu peux compter n'importe quand (même si elle roule en anglaise ou en citrouille, personne n'est parfait. Oui je sais, je suis une connasse, mais une Madame Connasse) !
Et puis les groupes qui se disputent et se séparent après tant de routes, bourres et soirées partagées. J'ai comme l'impression que les groupes ont une date de péremption et c'est vraiment dommage. Perso, j'ai connu 3 grosses séparations et j'arrive toujours pas à savoir où j'ai merdé, pourquoi le panier s'est détaché. Il en reste une amertume. On a la chance de partager et vivre la même passion. Pourquoi se disputer ? Pourquoi ne pas se quitter en bons termes, en prenant chacun une direction différente car la vie fait que.
J'ai eu l'opportunité de travailler pendant 4 années dans le monde de la moto. C'est les moments où j'ai le moins roulé en dehors du trajet maison-boulot ou participé à des événements moto en temps que « visiteuse » et non pro. Cependant, j'ai pu rencontrer des grands Messieurs ou Madames du monde de la moto, très humbles, abordables et sympathiques. De belles rencontres.
Et j'ai aussi déchanté et eu mal, quand je ne travaillais plus dans ce monde et que certaines personnes ne me « reconnaissaient » plus, maintenant que je n'étais plus rien.
Et puis la vie continue, de nouvelles rencontres, des groupes qui se reconstruisent, des nouvelles bécanes.
Et cerise sur le gateau, mes loulous qui veulent venir avec nous cette année un dimanche en ballade, alors que la moto, c'est pas trop leur truc. Nous voilà AK et moi, chacun un pitchoun assis derrière, direction le lac de Sainte Croix pour une journée en famille. Rouler en portant son fils, c'est magique, vraiment. Arrêt au lac, picnic, plouf, partie de frisbee. Que du bonheur !
Pendant le confinement, Tic&Tac ont été merveilleux, supers, si bien que je voulais les remercier de leur engagement et assiduité aussi bien auprès de l'école que des corvées ménagères.
Je leur ai proposé une initiation au Tout Terrain et ils ont accepté tout simplement. Nous voilà donc chez MSO à Riboux, moi avec ma CRF250 et les petits gars sur des 125 TTR de location. Ils étaient trop beaux, parfaits. Le moniteur, au top, leur a expliqué comment passer les vitesses et les voilà sur le terrain à jumper, prendre les virages relevés. Maman est fière de ses fistons.
Et cerise sur le gateau bis, ils aimeraient faire une année en tout terrain, une fois par mois tellement ils ont adoré. J'imagine ce que cela augure pour plus tard : je nous vois tous les 4 sur des petites 50, à parcourir les routes vicinales de France, dans un premier temps, pendant nos vacances.
Cela fait cependant plus de 18 ans que je vis intensément le 2 roues, car mon père était motard et mon grand-père n'avait que le permis moto. A 14 ans, j'ai eu ma mob et je parcourais le dimanche les routes de Provence. Mes enfants commencent à avoir cette envie de rouler, je suis sure qu'ils ont ressenti cette ivresse, cette liberté, ce sentiment d'être juste soi en entier, sans filtre, que procure la conduite d'un 2 roues. J'espère de tout cœur qu'ils accrocheront.
Car comme dit AK, la moto n'est pas notre passion, c'est notre mode de vie. Pourvu que cela continue entre amies, amis et en famille.
Au plaisir
Cécile
J'avais envie de partager cette tranche de vie avec vous. En espérant que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j'en ai eu à l'écrire.
Pour le weekend du 14 juillet, une rencontre motarde était organisée par des amies.
20 motardes en Ariège...Soit vous salivez en vous imaginant 20 nanas vétues de cuir (ou non, car c'est l'été et les vêtements été, c'est très pratique aussi), soit vous êtes en train de médire. Or détrompez vous, car il y avait parmi nous, entre autres, une nana roulant en 899 Panigale qui a à son actif quelques courses d'endurance, une ZX6R, un vieux 900 CBR, une aventurière qui est partie en Turquie toute seule au guidon de son Trail et a écrit un bouquin, des filles qui pratiquent l'enduro. Bref, une belle brochette de passionnées.
Lors de ce rassemblement, une copine me demande ma date d'obtention du permis. Moi et les chiffres...alors je sors mon antique papier rose tout décomposé et lis la date : Juin 2002. Oh putain ! Non c'est pas vrai, pas autant...Ben si, le calcul est vite fait : 18 ans de permis moto.
Et là, comme un flash back, ma vie de motarde qui défile et remonte au jour de l'obtention de mon permis en Allemagne. J'avais 24 ans, j'étais en dernière année d'école, des petits boulots et un petit peu d'économies. Les annonces et un GS500E trouvé, négocié (j'ai fait pitié à l'ancienne propriétaire) et acheté.
Retour en France par la Suisse, 1er long road trip (Cologne - Arles), 1ere chute sous la pluie, 1er carter pété.
Je m'inscrits sur 2 groupes de motards de Marseille : Les Bitumeurs et les M13, histoire de partager ma passion.
Ma 1ere rencontre Bitumeurs, on était 3, car la pluie s'était invitée et les sudistes ne roulent pas sous la pluie. Perso je ne comprenais pas trop pourquoi, et puis on s'y fait, avec le temps.
2eme rencontre, là y'avait du monde, tellement de monde que je me faisais toute petite. En effet, j'avais un GS500E, mon caque de mobylette (qui avait 10 ans d'âge, était tout noir avec des autocollants très flashy de toutes les couleurs), un vieux blouson de ma mère fait maison sans protection, blanc avec des patchs aux coudes noirs et un pantalon en cuir de ville. Top dégaine !
Seulement mes demi-bottes Louis (car les bottes hautes étaient trop chères pour mon porte monnaie) et les gants étaient un vrai équipement motard. Et face à moi, des blousons Daynese, Furigan, des casques Arai, Shoei, un GSXR flambant neuf, un 848, un SVS650 peinture perso, un VTR rouge brillant. Gloups, je faisais pas la fière si ce n'est mes demi-guidons bracelet !
Et là arrive sur un destrier d'un autre temps, pétaradant le bonheur de rouler, un motard équipé d'un vieux blouson Lucky Strike (qui a l'origine devait être blanc), un cuir et des bottes lambda usés de chez usés. J'ai pensé en le voyant enlever son casque : « Chouette, il est aussi ringard que moi ».
Et avec ce ringard, qui est maintenant le père de mes enfants et mon mari, on a parcouru des centaines de milliers de kilomètres (et ce n'est pas la marseillaise qui parle) et oeuvré pour la communauté motarde.
Pendant des années, on a organisé pour les Bitumeurs des ballades mensuelles dans la région, et pour le Forum CB500 des ballades jeunes permis avec notre ami JP, des semaines de vacances dans le Sud de la France, et récemment des rassemblements pour le ZRX Club de France.
Notre garage a eu la chance de voir ses petits se multiplier avec des types de machines variés: Gros et petit roadster, sportive, Trail, supermot, enduro, trial. On a même acheté un Side Car à la naissance de nos enfants en montant préalablement au Mans pour un stage d'initiation.
On s'est testé à la piste (en moto et en Side Car), au tout terrain, au trial, écumé toutes les concessions de la région pour essayer les nouveautés, si bien qu'on est blacklisté maintenant. Et si jamais on veut essayer, on doit prendre RDV par tel en masquant notre voix. (Véridique) Et quand on arrive et que le vendeur nous reconnaît, il nous invente un prétexte comme quoi la moto est réservée juste après. (Véridique Bis)
On a aussi connu des tas de gens, passionnés ou juste amateurs de motos. Ce qui est magique, avec n'importe quelles activités, c'est de rencontrer des personnes en dehors de notre milieu social, de notre groupe d'amis habituels. On en ressort tellement plus riche et grandi.
Quelques fois, on croise ces motards une fois, 2 fois, sans plus d'affinités ou ils deviennent des potes avec qui on a plaisir de rouler et partager une tranche de vie.
Et quelques fois, ils deviennent nos amis, nos témoins de mariage, nos Best Friends, celle sur qui tu peux compter n'importe quand (même si elle roule en anglaise ou en citrouille, personne n'est parfait. Oui je sais, je suis une connasse, mais une Madame Connasse) !
Et puis les groupes qui se disputent et se séparent après tant de routes, bourres et soirées partagées. J'ai comme l'impression que les groupes ont une date de péremption et c'est vraiment dommage. Perso, j'ai connu 3 grosses séparations et j'arrive toujours pas à savoir où j'ai merdé, pourquoi le panier s'est détaché. Il en reste une amertume. On a la chance de partager et vivre la même passion. Pourquoi se disputer ? Pourquoi ne pas se quitter en bons termes, en prenant chacun une direction différente car la vie fait que.
J'ai eu l'opportunité de travailler pendant 4 années dans le monde de la moto. C'est les moments où j'ai le moins roulé en dehors du trajet maison-boulot ou participé à des événements moto en temps que « visiteuse » et non pro. Cependant, j'ai pu rencontrer des grands Messieurs ou Madames du monde de la moto, très humbles, abordables et sympathiques. De belles rencontres.
Et j'ai aussi déchanté et eu mal, quand je ne travaillais plus dans ce monde et que certaines personnes ne me « reconnaissaient » plus, maintenant que je n'étais plus rien.
Et puis la vie continue, de nouvelles rencontres, des groupes qui se reconstruisent, des nouvelles bécanes.
Et cerise sur le gateau, mes loulous qui veulent venir avec nous cette année un dimanche en ballade, alors que la moto, c'est pas trop leur truc. Nous voilà AK et moi, chacun un pitchoun assis derrière, direction le lac de Sainte Croix pour une journée en famille. Rouler en portant son fils, c'est magique, vraiment. Arrêt au lac, picnic, plouf, partie de frisbee. Que du bonheur !
Pendant le confinement, Tic&Tac ont été merveilleux, supers, si bien que je voulais les remercier de leur engagement et assiduité aussi bien auprès de l'école que des corvées ménagères.
Je leur ai proposé une initiation au Tout Terrain et ils ont accepté tout simplement. Nous voilà donc chez MSO à Riboux, moi avec ma CRF250 et les petits gars sur des 125 TTR de location. Ils étaient trop beaux, parfaits. Le moniteur, au top, leur a expliqué comment passer les vitesses et les voilà sur le terrain à jumper, prendre les virages relevés. Maman est fière de ses fistons.
Et cerise sur le gateau bis, ils aimeraient faire une année en tout terrain, une fois par mois tellement ils ont adoré. J'imagine ce que cela augure pour plus tard : je nous vois tous les 4 sur des petites 50, à parcourir les routes vicinales de France, dans un premier temps, pendant nos vacances.
Cela fait cependant plus de 18 ans que je vis intensément le 2 roues, car mon père était motard et mon grand-père n'avait que le permis moto. A 14 ans, j'ai eu ma mob et je parcourais le dimanche les routes de Provence. Mes enfants commencent à avoir cette envie de rouler, je suis sure qu'ils ont ressenti cette ivresse, cette liberté, ce sentiment d'être juste soi en entier, sans filtre, que procure la conduite d'un 2 roues. J'espère de tout cœur qu'ils accrocheront.
Car comme dit AK, la moto n'est pas notre passion, c'est notre mode de vie. Pourvu que cela continue entre amies, amis et en famille.
Au plaisir
Cécile